Le respect : valeur cardinale de la QVCT ?
De quoi parlons-nous ?
Dans le dictionnaire, le respect est défini comme un sentiment portant à traiter quelqu’un ou quelque chose avec égard, à ne pas lui porter atteinte, à préserver son intégrité et à reconnaître son identité. Mais il peut aussi signaler un rapport hiérarchique, un rapport de force dans son acception tenir quelqu’un en respect. Etymologiquement, synonyme de rétroviseur ou de regard en arrière, le respect est souvent connoté comme une valeur des anciennes générations. On entend encore parfois il n’y a plus de respect, les jeunes ne respectent plus rien, le respect se perd… Pourtant, le même mot résonne aussi dans la culture des jeunes générations comme un besoin ardent et le manque de respect est un motif impérieux pour exiger réparation. Parfois de manière violente…
Qu’en disent les salariés ?
Selon un sondage Opinion Way réalisé en 2019 auprès de plus de 1000 salariés, l’honnêteté, le respect et la sincérité sont les valeurs les plus recherchées en entreprise. De même, un autre sondage réalisé en 2021 met en avant que 83% des salariés pensent qu’ils est important de travailler pour une entreprise qui partage leurs valeurs et notamment, l’esprit d’équipe, la solidarité, l’égalité homme-femme avec une forte progression pour ces deux dernières. De plus, un salarié sur deux serait prêt à accepter une baisse de salaire de 10% pour rejoindre une entreprise en phase avec ses valeurs. Signalons que pour la population 18-24 ans, l’égalité homme – femme arrive en première place.
Effectivement, avec la disparition progressive des systèmes managériaux hiérarchiques traditionnels reposant sur l’autorité de statut et l’obéissance, la demande de respect à base d’écoute, de compréhension et de reconnaissance mutuelle se fait de plus en plus présente.
Face à la complexité croissante de l’environnement et à la limite du fractionnement des composantes d’une situation, l’intelligence collective est devenue un enjeu majeur des organisations plongées dans notre monde Volatil, incertain, complexe et ambigu (VUCA). L’intelligence collective est un système situé à un niveau supérieur par rapport à l’individu et qui se définit comme la somme des intelligences individuelles plus de leurs relations. Bien évidemment, le niveau de confiance et d’entente entre les membres d’une équipe sont essentiels pour favoriser son émergence. De nombreux facteurs permettent cette collaboration, notamment le respect mutuel, l’intégrité, l’empathie.
Un besoin de respect prôné par les nouvelles générations
Suivant une étude réalisée auprès de 1000 jeunes français en fin 2021 par la Fondation Jean Jaurès, les caractéristiques du manager idéal seraient liées à sa capacité à créer un environnement de travail épanouissant et à reconnaître le travail accompli. Deux notions fortes pour la génération « Z » : le fait de se sentir accompli et reconnu dans sa singularité et pour ses facultés. Deux aspirations majeures structurées par le besoin de justice, de liberté et de respect. Cette dernière valeur étant de plus plébiscitée (58%) comme la valeur qui leur donnent le plus envie de travailler au sein d’une entreprise, suivie par la confiance à 45% puis, la solidarité et l’écoute.
Seulement 6% des jeunes considèrent que les prises de position publiques sont la preuve d’un engagement sincère de la part des entreprises. A mettre en relation avec une enquête de 2018 qui précisent que 82% des salariés des entreprises de plus de 1000 personnes estiment que les valeurs relèvent de la communication et 73% des moins de trente ans que c’est même de l’hypocrisie.Dire et l’écrire, c’est bien mais définitivement, faire et incarner, c’est mieux !
Estime de soi et de l’autre, reconnaissance, bienveillance pour favoriser l’engagement, la satisfaction, le sentiment d’équité, l’esprit et la cohésion d’équipe. Le respect contribue au bien-être de tous en améliorant et enrichissant la qualité des interactions humaines. Valeur universelle et indispensable au bon fonctionnement d’une équipe, elle demande de la pratique et de la simplicité pour être mise en œuvre, en commençant par soi-même.
Un travail de fond qui ne coûte rien…
D’abord, il est nécessaire de fixer le cadre, la ligne qui sépare ce qui est permis de ce qui ne l’est pas.Un code de conduite, au mieux coconstruit avec les membres de la communauté ou de l’organisation. Bien évidemment, les autres feront ce que vous faites et pas seulement ce que vous dites. Quelque-soit votre fonction, votre propre incarnation de cette valeur dans votre comportement pollinisera votre environnement. Cela se traduira par de la courtoisie, verbale, comportementale, l’honnêteté dans la communication qui se décline en franchise, discrétion, respect des formes. Courtoisie, encore un mot un peu désuet mais dont le sens étymologique « qui appartient à la cour du souverain » montre le besoin de vigilance par rapport à soi-même. L’acceptation inconditionnelle de l’autre dans ce qu’il est, à travers ses convictions, ses croyances, ses valeurs. Ce qui ne veut pas dire la pleine acceptation de ce qu’il fait, surtout bien évidemment, s’il veut me nuire.
Geste simple mais au combien symbolique, le remerciement n’est pas toujours naturel. Au sens étymologique de « rendre grâce à », il exprime notre reconnaissance envers autrui et favorise réellement la qualité des relations en entreprise.
Ecouter l’autre simplement, en cherchant sincèrement à comprendre son point de vue, ses opinions, ses croyances. Pas de jugement de valeurs sur la subjectivité, mais juste développer une propension à vouloir s’enrichir de la différence de l’autre. Faire preuve d’attention à l’autre, l’écouter, formuler du feed-back, écouter son feed-back et reconnaître l’autre dans sa différence.
Pour cela, il nous est nécessaire de développer notre propre estime de soi, conscience de notre valeur mais aussi de nos fragilités, du droit au respect et de notre capacité d’alignement personnel au sens des six niveaux logiques de R. Dilts (ou tête, corps, cœur).
Si vous avez quelque chose à dire à l’autre, dites-lui en face et directement ! La médisance corrompt les relations professionnelles (et personnelles).
Mais c’est aussi une pratique largement utilisée dans les organisations.
C’est une règle de savoir vivre ensemble essentielle qui demande de la vigilance sur vous-même mais n’acceptez pas non plus que cette règle soit transgressée par votre collègue. On m’a dit que…définitivement, ce « ON » n’existe pas mais n’est qu’une interprétation plus ou moins manipulatrice de ma subjectivité.
Faire de son mieux pour honorer ses engagements dans une démarche d’intégrité et de volonté.Ce qui demande de ne pas s’engager à la légère, d’anticiper et de peser méticuleusement les efforts et les capacités nécessaires pour atteindre l’objectif et la finalité de la parole donnée. Puis de s’engager lucidement pour la pleine réussite de son entreprise.
Enfin, conserver en toute circonstance la maîtrise de soi et de ses émotions.Nous pouvons être amené en entreprise, confronté à des situations difficiles, à la limite de notre tolérance mais mieux vaut temporiser plutôt qu’agresser et ne pas respecter.
Eh oui, le respect est à considérer comme un actif de l’entreprise, au sens de droits et de biens. Il favorise le bien-être, la confiance, l’engagement et la collaboration. Consécutivement, il accroît l’attractivité, la fidélisation et l’accès à tous les talents de l’entreprise. Intimement lié à la performance, le respect s’impose comme une valeur essentielle de toutes organisations humaines.
Pour conclure, je dirai que le respect est une grande vertu, créatrice de valeur humaine, catalyseur d’énergie et de bien-être, ciment de cohésion et amplificateur de succès. Il commence par soi-même et se diffuse autour de soi.
C’est une valeur-clé, à promouvoir activement, essentielle pour répondre aux grands enjeux du XXI° siècle.
Et cela commence par moi, dans l’ici et le maintenant !